Vu que je suis toujours en phase d’installation, le début d’année est principalement occupé par des travaux liés à l’élevage : cette année le réaménagement d’une très vieille bergerie pour la rendre plus agréable et fonctionnelle pour le troupeau et moi-même, mais aussi la poursuite du débroussaillage des parcelles abandonnées afin de retrouver des pâturages productifs tels qu’ils étaient il y a plusieurs décennies ; puis la réalisation de piquets en châtaigniers pour continuer de clôturer l’ensemble du parcellaire afin d’augmenter la surface accessible pour les brebis, et surtout les châtaigneraies certes pauvres en terme de production alimentaire pour le troupeau, mais dont le passage permettra je l’espère de limiter le temps de débroussaillage d’avant récolte. Pour le moment la sécheresse hivernale devient printanière et donc tout à fait inquiétante : les sources et cours d’eau ont des niveaux dignes de début Juillet et les prairies ne poussent pas tellement le sol est sec. Avec le peu d’eau annoncé, la menace d’une année très galère se fait de plus en plus présente.
Du côté des châtaigneraies, les arbres commencent doucement à débourrer. C’est la fin de la période de dormance où on peut élaguer les arbres, bien que cette année j’ai fait le choix de ne pas en faire car je n’ai toujours pas fini de débarrasser le bois des 60 arbres taillés l’année dernière (et qui chiffre en plusieurs dizaines de m³ de bois à dégager et de branches à broyer pour produire de l’humus). La deuxième quinzaine d’avril est le moment où la sève remonte ce qui correspond à la période où l’on peut greffer, ce que je m’applique à faire chaque printemps depuis 2020, afin d’essayer de rajeunir les vergers en espérant pouvoir transmettre ce patrimoine aux générations suivantes. La réussite n’est pas toujours au rendez-vous, mais c’est un immense bonheur de voir grandir un arbre que l’on a soi-même greffé, en attendant impatiemment qu’il se mette à fruit !
Cet hiver a aussi été l’occasion d’essayer de nouveaux produits avec les dernières châtaignes que j’avais pu conserver : le velouté de potimarron et châtaigne, ainsi que la purée de pomme et châtaigne. Je me permets donc de vous proposer ces nouvelles réalisations, toujours certifiées AB, avec bien entendu mes châtaignes, mais aussi des potimarrons et des pommes provenant de la plaine d’Aubenas à 15km de chez moi. Mon intention est de vous proposer des recettes à base de châtaigne toujours aussi délicieuses, mais aussi de montrer que ce fruit ne doit pas rester cantonné à une consommation « plaisir » en sucré, mais qu’il peut aussi rentrer dans l’alimentation courante sous ses multiples formes. Ceci sans jamais oublier que ce fruit paysan par excellence avait permis d’atteindre une densité de population tout à fait exceptionnelle dans nos villages au XIXe, de par ses qualités nutritives indéniables : le fameux « arbre à pain ».
Pour entrer dans des considérations moins réjouissantes, j’avais dit lors du lancement de la précédente commande que je ne souhaitais pas augmenter mes tarifs et que je ferai un bilan après la livraison, à tête reposée. Malheureusement le bilan personnel et comptable n’est pas à la hauteur du travail fourni. Cette année au vu une forte augmentation des coûts de transformation (prix du gaz pour l’épluchage, la cuisson et la stérilisation, mais aussi du sucre ou encore du verre et du carton pour l’emballage) mais aussi des coûts de production principalement avec le gasoil ; couplés avec une mauvaise année tant du point de vue de la production (8 tonnes de déchets sur 22 tonnes ramassées au total à cause d’un automne très chaud et humide) que du point de vue de la transformation (encore beaucoup de déchets au tri après épluchage alors que le prix de l’épluchage est calculé sur la quantité apportée, donc un mauvais rendement implique une explosion du coût d’épluchage). La conjoncture générale s’est malheureusement accompagnée d’une mauvaise saison, ce qui a fait exploser le coût de revient des différents produits. J’ai donc décidé pour cette nouvelle commande d’appliquer une augmentation tarifaire qui, je me dois de le préciser, ne couvrira pas intégralement la hausse du coût de revient (qui tourne autour de 20% entre 2021 et 2022). J’ai choisi de ne pas reporter intégralement l’augmentation du coût de revient pour que mes produits restent le plus accessible possible, en ayant bien conscience que cela peut être perçu comme « cher », tout en précisant que mes tarifs restent moins élevés que beaucoup de mes collègues qui vendent ici sur les marchés locaux. Je fais ainsi le pari risqué que la récolte 2023 sera meilleure et permettra de retrouver un coût de production en adéquation avec les nouveaux tarifs : rendez-vous au prochain bilan ! J’espère que les amapiens sauront comprendre cette décision qui n’est pas prise de gaieté de cœur.
Tout cela pour en venir au fait qu’il est temps de lancer la nouvelle commande pour le printemps 2023 ! Cette année je prévois de monter en région Parisienne la semaine du 19 au 25 juin, un peu plus tard que l’année passée pour être certain de pouvoir préparer correctement les commandes tout en ayant la certitude d’avoir fini les foins et d’être à jour sur les soins aux agneaux et la gestion du troupeau : vaste programme !